Cette édition de La Lettre Poétique est celle dédiée à la poésie fraichement écrite et aux actualités.
A la mi-juillet, j’ai eu l’immense joie de passer 6 jours en résidence d’écriture à La Perle, ferme de poésie pulsée 1 dans le Morvan - lieu sous la direction bienveillante d’Anna Serra.
J’ai plusieurs projets en cours, certains qui ne sont encore que des germes d’idées et d’autres qui étaient plus avancés, mais je n’ai pas vraiment eu le temps de préparer cette résidence. A la fois, car ma vie a été pleine de rebondissements ces derniers mois et aussi, je dois bien l’avouer, car c’était ma première expérience de résidence.
J’ai, finalement, plutôt avancé sur un recueil de poésie que j’aimerai mettre au monde et qui reprendrai en partie les textes de la performance “Nous reste-t-il un autre choix ?” dont je vous ai déjà parlé ici2 et que j’ai travaillé ce début d’année 2024.
Je suis contente du travail fourni durant ces six jours, même si ce n’est jamais assez et que j’aurai pu rester au moins deux ou trois semaines de plus dans ce cadre à écrire ! - je veux passer ma vie en résidence ahah - Au-delà de quelques nouveaux textes, j’ai trouvé une trame qui me plaît et le recueil commence à prendre une forme concrète.
Mais ne me croyez pas acharnée au travail de 8h à 19h tous les jours. J’avais aussi profondément besoin de repos et d’inspirations et je crois qu’une résidence est le lieu pour ça. Je me suis donc promenée, j’ai fait des siestes, j’ai cuisiné de bons produits, j’ai lu, écouté des podcasts et aussi simplement contemplé la nature autour.
Vivre au rythme de mes envies, a été autant salvateur que de me sentir créative avec une écriture prête à jaillir quand je me mettais au travail.
Voici quelques poèmes ou extraits qui feront partis du recueil.
coquelicots
j’ai rêvé depuis le corps qui lâche prise
le corps qui flotte au-dessus des rues et des rivières
le corps nu qui nage à contre-fluide
j’ai brassé l’eau douce et ses poissons gluants
j’ai embrassé la lune rousse et enlacé les gens
j’ai revêtu des scintillantes écailles
et le cœur chaud des retrouvailles
cette nuit se sont rappelé·e·s à moi
celles et ceux que je croyais loin
pour l’occasion
je me suis habillée de pétales rouges
au réveil j’ai su
la présence invisible
le soutien qui se dit même sans mots
mon corps a retrouvé les siens
dans un champs de coquelicots
ville morte 2 - extraits
c’est pas la ville le problème
c’est ce qu’elle engendre malgré elle
ce monstre à mille têtes vorace
pris d’une poussée de croissance extrême
l’abolition du vivant
le béton sur l’herbe le gazole dans l’air les migrants à la rue le printemps silencieux
c’est pas la ville le problème
c’est le système
et sa résultante sur les gens
qui eux-même deviennent une partie du monstre
qui eux-même deviennent voraces
jusqu’à aller à l’extrême droite d’eux-même
mais qu’y a t’il une fois le bout de l’humanité atteint ?
je peux te dire
qu’il est possible de prendre ce chemin
à rebours
et dans ce recul pour ne pas toucher le bout de l’humanité
il y a des gens
qui refusent d’être des résultantes
qui gardent les yeux ouverts et les yeux qui disent
je t’ai vu
avec ces gens là
je peux te dire qu’il est possible
de réanimer les liens
quitte à défibriller les plus fragiles
et à défaut d’être heureux.ses
dans un monde qui va mal
on ressuscite le vivant
tant pis si on en chiale
on s’embrassera les yeux mouillés
glycine
toi et moi
on s’embrasse
les corps flânés
on joue
à cache-cache avec le soleil
on marche
le long des murs pour se faire une couronne des glycines qui cascadent par-dessus
les murs sont des cascades de glycines qui nous ruissellent sur la tête
nous est un vendredi soir d’avril
et j’aimerai nous cueillir
pour nous garder dans ma poche
mais la glycine mourra
et nous deux avec
alors je laisse la glycine fleurir
au-dessus de ma tête
toi au-dedans
nos cœurs ainsi
ne faneront pas
toi et moi
on marche
le long des murs
comme si la vie n’était rien d’autre qu’un sentier à fouler de nos pas
comme si nous devait être un pèlerinage perpétuel
les glycines en couronne
nous est un vendredi soir d’avril
sur les rives de l’été
là où la chaleur coulera sur nos peaux
la pluie sur la rivière
comme l'eau sera douce
les cailloux sous nos pieds feront nos démarches incertaines
pourtant nos corps
épidermes magnétiques
toi et moi
on marche
sur les traces de Magdalene jusqu’au paradis
et nous est une quête qu’on suit
depuis des milliers d’années lumières
nous est toutes les nuits qui succèdent
aux glycines qui se fanent
nous est le sourire qui reste sur les lèvres qui s’embrassent
après les jours de chaos
et la glycine chaque avril
refleurira sous nos pas
toi et moi
on marche le nous
Et pour finir quelques photos argentiques ou numériques car, de plus en plus, l’image fait partie de mon travail artistique.












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La prochaine lettre poétique avec l’atelier d’écriture arrive le 21 août.
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A bientôt !
❤️